Un échange avec collègues du TGV à Mulhouse ou nos destins se croisent devant les oeufs carrés en plastique de l’Ibis Style me convainc de faire un saut à Dijon, capitale du Kir et de la moutarde (qui lui arrive d’associer), et qui a convertit son Hôtel Dieu en Cité internationale de la Gastronomie et du vin.
Architecture et bouffe, il n’en fallait pas plus pour me faire oublier que les oeufs naissent ronds et pas égaux.
A deux heures de Strasbourg, la gare de Dijon abrite un Office du tourisme où l’on se casse la nenette et un Paul où on se casse les dents.
Les deux charmantes hôtesses m’aident à établir un périple dans le temps impartit, qui commencera par la Cathédrale, les Halles (ouvertes jusqu’à 13H) comprenant un déjeuner en terrasse dans une douce effervescence de marché, puis le Parlement des Ducs de Bourgogne pour finir à la CIGV, située elle-même à 10 minutes à pieds de la Gare.
10 kms à arpenter une ville charmante, même pour celui qui n’est pas en manque de colombages (pas si présents), ou l’architecture est un savant mix d’éléments médiévaux du temps de la noblesse d’épée et des hôtels particuliers de celui de la noblesse de robe.
De somptueuses portes cochères laissent entrevoir ces Hôtels dits parlementaires, ou le va et vient des carosses a laissé place à des armoiries de digicodes. Certains d’entre eux abordent des toits aux tuiles vernissées qui ennoblissent cette balade qui pourrait avoir lieu dans le Marais parisien.
La ville que l’on considère comme la première capitale européenne du temps des Ducs de Bourgogne (XIV/XVe) y possédait un hôpital général, un Hôtel Dieu où celui ci ne vint jamais.
On y a dégagé par tranches successives les pestiférés, les bonne soeurs, les blouses blanches et les torchis pour mettre en lumière un ensemble d’une somptueuse rugosité, qui fera désormais chapelle à Bacchus/Dionysos et Gargantua.
La Cité internationale de la Gastronomie et du vin semble de premier abord être un champ de bataille entre la gastronomie et l’architecture, où l’un et l’autre se partagent des espaces, parfois même à s’y retrancher et qui mériterait une clarification d’entrée.
Ainsi, dès l’entrée se tient le 1204 (?), un espace présentant le travail de réhabilitation du lieu où se télescopent un travail de référencement des matériaux de construction la ville, dont on se demande ce qu’il fait là, et une spectaculaire animation interactive de survol de la cité qui mériterait d’être théâtralisée dans un endroit à elle toute seule.
Pour finir, un étage exiguë rappelle la vocation hospitalière de l’endroit. intéressant mais mal à propos, tant le bâtiment est désormais inscrit dans le présent.
Une fois passé par cette étape de contextualisation un peu inutile, un hall majestueux bordé par un café et des salles d’exposition affiche efficacement le menu. Au RDC, exposition sur l’évolution de la gastronomie, ses us, coutumes et verbatims agrémentée de photos de scènettes d’une magistrale modernité.
A l'étage, on découvre des espaces ludiques et interactifs, où les sens sont sollicités pour toucher, écouter, humer et titillier l’imaginaire. « Le goût de l’époque » comme dirait Le Bureau du Fooding, mouvement culinaire né il y a 20 ans de la critique gastronomique qui cherchait à réveiller la gastronomie, à qui l’expo rend un légitime hommage, et que votre serviteur a accompagné depuis l’arrière boutique nova sa toute première année d’existence.
Une cuisine virtuelle très technologique permet de cuisiner sur tablette géantes quelques recettes emblématiques du coin comme le boeuf bourguignon ou les oeufs meurette, dans un design si épuré qu'il réussissant à les faire passer pour digestes.
Le parcours continue par l’extérieur, par la chapelle du climat (scénographie projetée très réussie) ou se mélangent de façon fort improbable des peintres restaurateurs et des animations sur les pieds de vigne, dont le seul point commun est d’être tous deux juchés sur des tuteurs.
Un espace de dégustation (compris dans le billet) complète l’ensemble ; à tort dénommé cave, il ressemble plus à un chais réhabilité, fort bien d’ailleurs, l’Hotel Dieu n’ayant semble il pas eu la chance de posséder une de ces caves souterraines nées sous les meilleurs hospices comme à Beaune ou… Strasbourg
Les espaces sont desservis par une cour centrale ou trônent des boutiques gastronomiques constituant une jolie balade entre saveurs, art culinaire et spécialités locales. Une boutique termine comme il est d’usage le parcours, et offre aux visiteurs une mignardise de moutarde au pain d’épice ou une nonnette qui conclue la messe.
Manque pour ma part un espace de vie, tant la gastronomie est vivante et sous influence permanente, qui je crois était ce bel espace vide du 1er étage, sans doute entre deux projets. Parking et Hilton bordent le projet. Paris quant à elle est à1H30 de là !
L'Alchimiste
Journée bourguignonne :
Dijon & la Cité internationale de la gastronomie et du vin
2 rue de l'Hôpital - Dijon
Strasbourg-Dijon : 2H20 - Paris-Dijon : 1H30. Entre 30 et 50 l'aller selon gare de départ et horaires.