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(RE)POST-IT 

 

Photo du rédacteurPatrice Snoeck

La Croisière ça use,

Voyager en train, c'est bien


Elle a le vent en poupe la croisière qui consiste à caboter sans bouger de son lit et arriver chaque matin à destination, dans les vapes mais sans vapeur, dans un port où sur un quai, mais au final toujours sur cette bonne vieille terre qui vous attend de pied ferme.

Cette croisière de terre qui se fait dans un vers de 300 mètres de long de long est une tendance aussi vieille que le chemin de fer lui-même, née avec les grands express, et qui trouve un retour en grâce avec le retour de trains couchettes à bas prix et d’une eco responsabilité à tout prix.

Le Soft travel est un contrepied à cette hypermobilité devenue la norme, ce temps qu’on n’a gagné qu’à le payer au prix fort, en argent sonnant et plus trébuchant que jamais d’être si lourdement carbonné.

Il y a bien sur les croisières en parc d’attraction flottant pour les amateurs de cuite promise et de promiscuité, avec fenêtre pour les plus chanceux et vomibag pour les autres, dans tous leurs états sur les vagues et sans âme, et animées à tout va comme les prémices évocateurs de la maison de retraite, mais sans se voir couler.

L’idée de la croisière qui a germé à la belle époque et trouve sa fleur de l’âge dans l’art nouveau, fleurira néanmoins de tout temps jusqu’à nos jours, au gré des techniques qui donnèrent le La et des éléments parfois le Gla, car ils sont bien connus pour n’en faire plus qu’à leur tête et bien avant le réchauffement climatique.

Ainsi au gré des innovations, des usages de la bonne société, etde la promesse de confort dernier cri, trains, paquebots, dirigeables, puis avions puis paquebots puis trains puis dirigeables se partagent cet éloge du voyage ou le temps prend son temps, et sans jamais se croiser.

Les airs qui ne veulent pas être en reste firent léviter en leur temps des aéronefs qui filaient bon train entre l’hélice et la réaction, sous la forme de ballons pas si dirigeables, capricieux à la décente et sujets à mal de l’air et à l’électricité statique.

On y voyageait dans des conditions à vous couper le souffle, qui finit par se manifester sous forme d’une brise d’hydrogène, qu’un courant d’électricité statique fera piquer du nez, et à dessein, puisque l’électricité statique est bien connue pour se canaliser par une prise de terre.

Le dernier Zeppelin à s’être posé coiffe la gare de Strasbourg, engloutie sous une spectaculaire verrière pas complètement hermétique mais bien amarrée, qui elle n’est pas remplie d’hydrogène ni d’helium, mais de bon vieux gaz carbonique (vous pouvez d’ailleurs en admirer la construction ici).

Les expériences du soft travel dans les airs demeurent volatiles. Les déploiement de Dirigeables se cantonnent à des balades contemplatives et survol de monuments historiques comme pour leur rappeler la fragilité de leur existence et que leur chute ne serait qu’un vague courant d’air.

Pourras t-on voler le coeur léger demain ? Côté aviation, rien de moins sûr compte tenu que le seul saut technologique en vue est tout au plus un planeur capable de décoller tout seul.

Les paquebots sont plus que jamais la quintessence d’un gâchis qui fâche : fuels lourds soufrés ultra polluants, déchets en mer, ravage des fonds marins, acidité des océans, déversement d’un tourisme de masse qui cavale au pas de course et ne laisse comme seul souvenir un abominable bilan carbone et un certain tonnage de matière fécale.

Le train apporte la dynamique. Porté par le mouvement pro-train pour des déplacements éco-responsables #Tågskryt #Flugskam #Trainbagging né en Suède avec les premières règles de Greta, train-couchettes côtoient désormais les derniers rescapés des trains de croisière qui furent aussi les premiers.

Ainsi le légendaire VSOE-Orient Express (lire ici) que votre serviteur a eu l’occasion à de maintes reprises d’accompagner, aussi long que l’Harmony of the Seas qui porte si mal son nom, mais de plain pieds, le train apporte une expérience vintage et intemporelle d’une certaine idée du voyage un tout petit peu surannée, si l’on aime dormir en pointillé en poireautant sans Poirot des heures durant dans des gares éclairées au néon, au gré des changements d’équipe ou du remplissage des réservoirs en fluides fossiles de tous genres.

Le voyage n’est néanmoins fort peu vertueux puisque tout ce beau monde revient en avion.

Le train de tous les fantasmes s’offre un petit frère en 2023 en version remasterisé, à savoir d’anciennes voitures restaurées et opéré par une filiale d’Accor qui promet uniquement des suites et un décor d’aujourd’hui, mais réinterprété dans le Style Années 30 par Maxime d’Angeac, du name dropping dans son genre, et réalisées par les meilleurs artisans du genre encore en vie.

Une collection de trains de la même équipe sont en préparation sur les lignes italienne sous une appellation si banale, « Dolce Vita », qu’elle laisse augurer le genre de tourisme d’un petit train de glacier.


Le succès est néanmoins au rendez-vous puisque le VSOE fait quasiment tout le temps le plein, d’une centaine de voyageurs qui débourse de 4 à 15000 euros pour cette expérience qui séduit amateurs de murder parties et d’Honey Moon, à des âges ou l'on vous prive pourtant de sucre.


Comme un marketing bien ficelé, il faut accepter qu’une clientèle premium qui en a les moyens crée les conditions d’une offre avant de démocratiser une tendance, histoire de défricher le terrain, et payer à prix d’or le fait de pouvoir dire « J’y étais ».


Côté popu, les trains de nuit reviennent sur le tapis, portés par la volonté politique de freiner les sauts de puce en Airbus, et des trains réhabilités qui tente d’apporter un supplément d’âme au transport de troupes sur le front de mer.

NightJet, le train couchette nouvelle génération à l’aménagement revisité se faufile à marche douce entre deux trains de fret fait figure de référence, et la SNCF réhabilite 130 voitures de notre increvable Corail national, mais rien de nouveau dans tout cela qu’un voyage déculpabilisé, mais avec le WIFI.

Des organisations font la promotion de ces voyages en train, comme OUAT (Once-Upon-A-Train), qui a créé le festival « Des rails et vous » qui tenait sa seconde édition cette année.

Elle organise vos périples 100% train, et s’interroge sur le voyage de demain. Elle est le brouillon d’un mouvement à suivre.


L'Alchimiste est dans ton train.



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