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Véritable fashion-icône de la contrefaçon, le Type à capuche a établi son dressing dans la salle des pièces à conviction.
Banane à la taille mais rarement au visage, il le dissimule sous un sweat à capuche à la célèbre Virgule, qu’il n’a pas plus croisé dans un magasin officiel de la marque que dans la langue française.
Il a fait de se soustraire au contrôleur un art, un jeu, un point d’honneur et sans doute même un doigt. Nike ta mère, mais en Adidas.
Reconnaissable à un télescopage de monogrammes LV, D&G, GG, il arbore tous les accessoires que même les marques n’ont pas osé produire, ou produiront plus tard si ça prend, car on a les publics précurseurs qu’on mérite et à qui finissent par ressembler les créateurs, Merci Pharell William, so Happy mais plus très Few.
Et Lacoste en arrière garde, trop content de s’être enfin débarrassé de cette clientèle, en a ravalé son croco.
Le type a capuche a parfois une casquette en dessous.
Sa tête est le théâtre bien malgré lui d’une scène de crime de lèse-majesté, si tant est que le créateur du dessous ne peut notoirement pas blairer celui du dessus, et encore moins d’être coiffé par lui, et qu’aucun responsable de shooting n’aurait osé associer.
Le Type a capuche lui au moins n’a pas beaucoup plus de scrupules que de goût, et encore moins d’égo. Ce qui tombe bien dès lors qu’il s’en passe plus sur sa tête hélas que dedans.
Le train est son podium.
Il l’arpente de long en large pour retrouver son fan club, du genre de groupies en bande organisée qui sent le shit et les hormones et parle un langage qui lui est propre parsemé de weshs ; ensemble ils cultivent l’accent banlieue sans jamais avoir mis les pieds dans le 9.3, ni même savoir ou c’est d’ailleurs, et dont on finira par percer le sens pourvu qu’on arrive à trouver le verbe en s’accrochant à un complément d’objet tout en rêvant de serrer le sujet.
A moins bien sur qu’il ne repère l’échappatoire pour fuir la fashion Police, à savoir le contrôleur, qui la plupart du temps a choisi dans le vestiaire Armorlux la tenue qui le rapproche le plus d’un vigile, et qui le prédestine donc à cavaler backstage.
Dans ce boyau de métal de 230 mètres sans issues tant qu’il roule, s’opère alors un jeu de chat et de souris ou la souris sort parfois indemne, pourvu qu’elle ait repéré les mouvements du chat, qui lui connait les trucs de la souris.
Une histoire qui se finit soit vers la queue soit vers la tête, ou tout le monde transpire comme ça finit, c’est à dire en eau de boudin, y compris la Police qui reproduit la même chorégraphie sur le prochain quai pour accuser réception à la bonne porte de ces fashion victimes toutes victimisées d’avoir été rançonnées par les marques de Luxe en économisant sur le prix du billet.
Et pourtant, le type a capuche est plus souvent en règle qu’on ne le croit. Et parfois même ses accessoires sont tout ce qu’il y a d’officiel et personne n’y trouve à redire de comment il en a fait l’acquisition.
Il fait partie intégrante du paysage sociétal -et donc ferroviaire- avec ses codes, son langage et ses rituels, issus de la culture du Rap et des ghettos, qui aujourd’hui sont des banlieues résidentielles, et avec laquelle il partage la défiance des institutions, un langage d’une absolue pauvreté qu’on croirait sortit de Lyrics de Gims et le goût d’un Luxe tapageur qui ne puise plus ses référence dans la culture Bling mais davantage dans la culture Porn et Gangsta, dont le Dieu est un gros con qui se déclare Nazi et exhibe sa femme à poils aux Grammy.
Le type à capuche remercie la Mode qui l’appelle un Hoddie (capuche en anglais), ce qui le rend respectable.
Il finira par chercher la rédemption au premier camouflet, ou au premier mouflet tout court, car même Snoop Dogg qui au passage s’appelle Calvin, a réussi à se refaire une virginité olympique sur NBC. Et c’était pas gagné quand on a un prénom de Slip.
Hey, Kevin, Jason et Brandon, va falloir en avoir dedans. J’ai pas dit mon dernier mot.
L’Alchimiste, qui va bien finir par te calmer ta race.