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(RE)POST

 

Sur un air de swing, passeport décapé, billets à la loupe, le train décapant

  • Photo du rédacteur: Patrice Snoeck
    Patrice Snoeck
  • 5 oct.
  • 5 min de lecture
Le journal d'un chef de Bord qui mène une vie de Voyageur de commerce en faisant Commerce de voyageurs.
Le journal d'un chef de Bord qui mène une vie de Voyageur de commerce en faisant Commerce de voyageurs.

La GPT de deux jours c’est un peu comme la semaine des 4 jeudis.

Cela n’arrive jamais puisque quand on pense à la repérer, on pose immédiatement des congés pour avoir une semaine de mercredis. Cette semaine de deux jours, c’est un peu le graal syndical, ce graal qui parait-il n’est pas une coupe que pourtant j’ai l’intention de boire jusqu’à la lie.


Lundi de douanier


Je démarre ma journée par écoper 30 litres de litière et me prends à espérer que cela ne donnera pas le ton de la semaine.

Petite aller-retour à Bale en Corail 8 caisses qui sentent pas le savon vu l’heure et l’affluence. Néanmoins je trouve ma litière bien plus efficace.


Ce premier train est en sur-occupation et le « service du train », la procédure de départ assurant que tout le monde est à bord et que les portes sont bien fermées se fait en trois fois tellement les uns les autres n'arrêtent pas de monter et descendre comme si les voyageurs espéreraient trouver meilleur voisinage de vestiaire, debout à touche-touche dans les intercirculations, et comme d’habitude, la voiture face à l’escalator est celle qui sent ceux qui ont couru sur le tapis.

Et le train finit par s’élancer vers sa destination, quelque part entre le haut voltage et la haute voltige…


Une dame bien mise n’a pas vu l’intérêt de payer son transport vu qu’elle ne réside pas officiellement en France, et me présente un passeport passé à la machine dont même la nationalité s’est estompée.

Par chance je ne suis pas daltonien et la couverture est verte ce qui limite ma zone d’exploration à seulement 1/3 du Monde.

Elle va rapidement sortir de ses gonds, du fait d’être située devant la porte, affirmant que je prononce à haute voix - même si personne ne peut nous entendre - ses éléments de recueil d’identité, vu que l’encre a la plupart du temps passée la frontière de la case qui la contraint à former des lettres, et nécessite de corroborer à minima les informations.

Comme elle est née et habite sur deux continents différents dans lesquels ne figurent toujours pas le pays du passeport, je comprend enfin la signification du mot « ressortissant ».

Elle me tend une pile de PV pour que je recopie les informations, arguant que mes collègues qui eux voient clair s’en sont contentés.

Elle trouve que ma conduite suspicieuse à son égard est désobligeante, il est vrai que toutes les villes mentionnées sont toutes des capitales économiques de renom ; elle m’en veut certainement d’avoir relevé de manière trop pointilleuse à son goût un comportement finalement très quart mondiste, compte tenu du mal qu’elle a du se donner pour effacer la couverture de son passeport.

Elle affirme que ce document tout délavé soit-il passe très bien les frontières, alors que vaudrait l’opinion d’un contrôleur sur celle d’un policier ? Comme nous arrivons bientôt en Suisse, je me presserai bientôt à la rencontre des autorités locales pour avoir la réponse à cette histoire qui aurait gagné d’être sans paroles.

Elle me suggère finalement de changer de lunettes, je l’invite à changer de lessive et, un rien décomposé par cette pluie d’enzymes et de tensioactifs, je tourne les talons et prépare le retour du train à Strasbourg.


La tournée continue avec un aller-retour de REM à Mommenheim, avec célérité, autant dire en rémoulade.



Puis vient le dernier train vers Colmar, qui me permet de redécouvrir qu’un collègue jeune papa, à côté duquel j’étais passé, est plutôt sympathique, en même temps qu’avoir eu l’occasion trop rare d’un riche échange sur le fonctionnement d’un tire-lait. Et en tant que petit-fils d’agriculteur, je me souviens avoir vu passer cette machine sur la Noiraude, et que ça faisait bien le bruit d’une 26000.

On a pas pris le risque de prendre la chambre d’hôtel à Colmar vu que la centrale de réservation maison réserve une chambre pour le lendemain dès qu’on arrive à minuit une, et que la dernière fois j’ai du attendre deux heures un taxi et une troisième pour rentrer chez moi.


Une rocambolesque course avec nos bagages sous le bras pour chopper un train déjà à quai qui nous ramène à la maison est digne d’un course de resquilleurs qui auraient vu la Police ferroviaire, sauf qu’en uniforme, on laisse plutôt une impression de rats qui quittent un navire que pourtant ils n’ont pas embrasé.


Mardi basket


Le lendemain ma tournée me renvoie à Bâle. Arrivé vers Colmar un Monsieur accompagné d’une jeune enfant dont j’espère bien que c’est la sienne, feint de chercher des titres de transport dans une collection de gestes épileptiques et de facture de CB.

Il est très convainquant jusqu’à me lancer un narquois «de toute façon je sors là », signifiant la fin d’un jeu que j’aurai déjà perdu.

Comme je suis mauvais joueur, je m’empresse d’insister et lui laisse quelques secondes sous forme d’ultimatum avant d’agir, le temps de contrôler ses voisins de palier.

Et voilà qu’il viennent tous deux de s’évaporer à la vitesse de l’éclair.

J’ai tôt fait de les rejoindre avec la ferveur d’une religieuse porté par l’expiation, pour le prévenir avoir convié les forces de l’ordre pour dépêtrer cette situation qui a des allures de train-basket.

Il me reproche de l’humilier devant sa fille qui s’épanouit de ce jeu qui consiste à courir dans un train.

Hélas pas de force de l’ordre à quai et je rentre dans le mien, d’Ordre, puisque la messe est dite, et l’enfant sera donc préservée de tel spectacle, du moins jusqu’au déjeuner ou il a sans doute prévu de l’amener dans un resto-basket ou, cette fois, un serveur déconfit trouvera table vide en apportant les fruits confits.


Au retour, comme on est deux contrôleurs à bord, on travaille comme il est établi, donc en étau. Comme j’arrive à la porte, d'intercirculation, je me penche vers cette dame assise sur le premier siège billet à la main, et qui me demande de manière étonnamment virulente pourquoi je commence par elle.

Je me sens ambigu à lui rétorquer que je lis de gauche à droite, car elle n’a pas à savoir que je suis parfaitement ambidextre.


Le contrôle se poursuit naturellement avec des gestes amples puisque les voyageurs qui veulent m’être agréables agrandissent à outrance leurs QR codes, ce qui suppose d’avoir le recul de les lire.

Je m’amuse à penser que dans mes vies professionnelles précédentes, j’avais le bras long alors que maintenant je me contente de le lever bien haut.


La plupart du temps, une conversation de SMS, un facetime ou un écran brisé dans un élan, polluent sa lecture et m’offre ainsi l’occasion de travailler mon swing.

Bientôt un nouvel épisode des Tribulations du Tribun du train, sans Club ni Clarinette, mais encore avec du Pipeau


L'Alchimiste #TTT




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Un pro de la communication basé à Strasbourg qui fait un tour de l'autre côté du miroir.

 

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