Les Faux Amis
- Patrice Snoeck
- 6 juin
- 3 min de lecture
S02 EP 09


Ils sont nombreux les partenaires qui arpentent les trains, en civil ou en uniforme, avec ou sans chien et pas toujours en mode fin limier, puisque des enquêteurs, hôtes de propreté, techniciens d’étude de ligne, enquêteurs en tout genre, élus ou personnel de région, clients mystère ou cadre ferroviaire en goguette sont prêt à jouer les chevaliers blancs et attendre leur contrôleur au coin du bois, pourvu qu’il ait osé leur demander de justifier de leur présence dans le train ou pire, ne pas les avoir reconnu, ce qui les offusque davantage que leur demander leur Classif ou si leur pétard est un fake.
Ils se présentent le plus souvent avec un pass Carmillon, une carte professionnelle imprimée maison, un badge, une cocarde ou à minima un cocard, s’il s’agit d’un contrôleur d’une ligne mal fréquentée. Bref, tout ce que Word fait de pire à l’heure ou l’IA fait déjà des miracles.
Dans la famille des Gilets, l’orange fluo est loin devant les bleus des enquêteurs d’instituts de sondage ou les bordeaux des barmans de TGV.
Pêle-mêle : personnel roulant acheminé avec ou sans uniforme, techniciens en orange de la tête aux pieds et usurpateurs en trottinettes qui voyagent avec une photo en tenue près des voies prise la nuit avec une pince monseigneur devant une gaine de câble.
Depuis que le contrôleur est obligé de porter une brassard jaune fluo qui est en fait une pince de cheville décathlon, voilà qu’on plus on salue plus ou moins familièrement tous les possesseurs de vélo, et qui du coup, pensant qu’on est pote, finissent par les coller dans les allées.
Dans la famille des pantalons, le lie de vin n’est plus l’apanage des personnels de Bar Newrest qui lui au moins se présente à son contrôleur pour voyager gratis. Il ne lui offrira pas un express pour autant quand il sera derrière son bar de TGV, vu qu’il a la mémoire aussi courte qu’un ristretto.
Depuis que le lie de vin a chassé la terracota des magazine déco, et conséquemment envahit le textile pour habiller les barmen et les canapés, la couleur passe-partout des terreux et des théseux se décline dans tout le train. Du coup, on a vite fait de balancer une vanne foireuse sur les croques Monsieur, croques Madame ou Croques non-binaires que prendra plus ou moins bien un quidam, pour peu qu’il soit lui même à hésiter quoi croquer.
Dans les justificatifs improbables, sont nominés : la carte SNCF façon ticket de loterie avec hologramme dont personne ne connait l’existence, qui côtoie des Fichets papiers recto verso qui n’ont plus cours depuis belle lurette et qu’une vieille maman ayant-droit aura retrouvé dans ses chaussettes en même temps que le moral de son rejeton.
Que dire des cartes FIP internationale de réduction qu’aucun personnel ferroviaire du Monde n’arrive à faire valoir sur une plateforme d’achat en ligne et qu’il bidouillera en je-ne-sais-quel statut de réformé de guerre, pourvu qu’il déclenche Moitié tarif sans avoir à devoir perdre ses jambes pour autant. Une pensée compatissante aux familles qui voyagent a 5 sur un Carmillon après s’être endormies à écouter le disque du répondeur Paie et Familles, le gestionnaire maison de la relation employeur, plus soporifique que les 4 saisons mais visiblement aussi tout aussi victime du réchauffement climatique puisque le système est en permanence en surchauffe.
La palme revient au collègue en civil ayant oublié son pass Carmillon, avec qui tu as sois disant travaillé pas plus tard qu’hier alors que c’était ton jour de congé et qui fait parfois si familièrement semblant de te connaitre qu’il te met la puce à l’oreille et provoque une situation aussi démangeante qu’être assis sur des puces de lit.
Toujours un collègue d’une ville sans gare, d’une gare sans automate ou d’un automate sous IA, un sous-traitant mal traité, … autant de Didier-l-Embrouille professionnels en plein deni du buraliste qui continue de vendre des clopes en tournant le dos à un photowall de trachéotomies.
Dire qu’avec l’arrivée de la concurrence, les anciens collègues passés avec l’eau du bain seront bientôt des justiciables comme les autres, tandis que le personnel de Région continuera de voyager avec un pass sans photo et sans nom qui vaut passe-droit officiel, en plus de pouvoir faire des petits. Par chance le mépris qu’il affiche envers ma corporation ne fait planer aucun doute sur son affiliation.
On a pas fini de se toiser entre professionnels du train que ce soit ceux qui le prenne, l’emprunte, ou le vole…
Du coup, en élaguant mon vestiaire professionnel siglé des chemises fanées ou des vestes usées par les bandoulières des sacs de contrôle et les allers retours sous la pluie, je me garde bien de recycler ailleurs que dans le réseau officiel, histoire de pas me retrouver à verbaliser un gars qui airait endossé mon costard sorti d’un container parrainé par Emmaus qui lui fait plus dans la soutane.
L'ALchimiste