Chaque jour, une oeuvre et une entreprise, pas forcément Cocarde, qui m’ont tapé dans l’oeil.
Et puisque c’est Dimanche, on (re)parle de la Cathédrale et plus particulièrement de sa gigantesque Lune qui défraie la chronique.
On a déjà parlé du Mécène, Vivialys, et du Concepteur du Cosmos District, l’Ososphère dans mon article : Jour 1✖︎.
Elle, l’Œuvre.
Museum of the moon, une Lune gonflée à l’hélium de 7m de diamètre, ayant réduit 5 km à l’échelle d’un cm un panoramique géant de notre satellite pris par la sonde spatiale Lunar Reconnaissance Orbiter, lancée par la Nasa en 2009. Autant dire que lorsque vous passez dessous dans le nef, elle est déjà à 5000 km au dessus de votre tête !
Lui, l’artiste.
Luke Jerram qui investit régulièrement l’espace public avec des installations sonores, parfois participatives comme l’œuvre Play Me I’m yours proposant aux passants de jouer simultanément sur des centaines de pianos disséminés dans la ville. La plupart des oeuvres de Luke Jerram sont le fruit de collaborations avec des institutions scientifiques, ou à minima compte tenu des performances, avec les autorités !
Moi,
Dans une ambiance sonore composée par Dan Jones, j’ai vécu une étrange impression. Plus on s’approche de l’œuvre, la sensation de lourdeur, de massivité s’estompe, même si certains visiteurs appréhendent de passer en dessous. Un léger sifflement appuie cette idée d’extrême légèreté, comme si on s’apprêtait à grimper dans une nacelle en osier.
J’ai opposé l’œuvre aux Globes de Coronelli . Fabriqués au XVIIe siècle pour Louis XIV, les deux peintures sur structure de bois de 4m de diamètres et de 2,3 tonnes chacune, provoquent, elles, l’émotion par la lourdeur de l’œuvre (dans tous les sens du terme compte tenu des efforts et nombre de compétences considérables nécessaires à les fabriquer).
Actuellement visibles dans le Hall des Globes de la BNF, il s’agit de deux représentations de la Terre et du Ciel, celle qui nous intéresse plus particulièrement ici, avec les connaissances du XVIIé siècle : un Globe terrestre, avec les 3 principaux continents connus à l’époque, et un Globe céleste avec la représentation du ciel le jour de la naissance de Louis Dieudonné (ça ne s’invente pas!). Vous pouvez les visiter ici.
Comme l’explique l’artiste, la Lune a toujours incarné une source d’inspiration pour les artistes, poètes, écrivains ou musiciens. Les scientifiques aussi. Elle incarne une forme de divin et a accompagné toutes les mythologies.
On donne à ces œuvres une dimension magistrale en les entourant d’écrins célestes, également magistraux, emprunt de la spiritualité qu’imposent la massivité de l’édifice et la mobilisation pour le fabriquer. C’est le cas ici aussi, à Strasbourg.
Fan de la brinquebalante Cathédrale de Mexico, ou trône un lourd pendule de Foucault qui tombe de la voute pour visualiser l’affaissement de la structure, il oblige le cerveau du spectateur à recalculer les perpectives pour se mouvoir sans impression de gueule de bois. J’avoue avoir du l’espace d’un instant, trouver pour repère la rosace baignée de lumière et figurant un soleil qui aurait diffracté la lumière, pour me repérer dans l’espace, et ne pas m’effondrer tel le premier gaulois qui aurait enfin pris le ciel sur la tête.
Dernière digression concernant l’usage des Lieux de Culte pour l’art contemporain ; et aussi pour avoir entendu la gêne de certains pratiquants. Je pense qu’ils rendent les lieux encore plus spectaculaires, qu’ils les ancrent dans une durée millénaire de leur évanescence, leur fragilité… La preuve avec cette photo de l’Eglise St Joseph du Havre avec cette oeuvre « toile d’araignée » extraordinaire de la japonaise Chiharu Shiota. Comme une porte d’accès au paradis.
Vous pauvre lire cet article : L’Eglise et l’Art contemporain, un dialogue fécond.
CATHEDRALE NOTRE DAME
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