On l’appelle le VSOE, cette appellation qui fleure bon le Cognac hors d’âge, pour Venise Simplon Orient Express.
Le fabuleux train bleu qui se déroule sur le quai en vitesse croisière comme un ruban, n’a pourtant pas plus vu l’Orient qu’il n’est express.
Car train des rois et le roi des trains roule au train sénateur, 140 km/H à tout rompre faute de tout casser ! Et surtout pour ne pas nuire au confort de quelques hôtes qui y ont mis le prix du silence et de la stabilité.
Cet assemblage de 15 voitures toutes exceptionnelles commence par deux voitures de 3 Suites avec salle de bain, suivies de voitures cabines, deux voitures restaurant, une voiture salon-bar, une voiture cuisine et une voiture couchette moderne mais indistinguable de l’extérieur malgré qu’elle soit si peu distinguée. Il s’y entasse une quarantaine de membres d’un personnel dans de micro cabines, si violemment éclairées au néon qu’elles ressemblent à s’y méprendre à des cellule frigorifiques de Rungis, si bien qu’on est étonné d’en voir sortir des personnes vivantes.
Ces voitures nées pour la majorité d’entre elles en 1929 en plein séisme financier et restaurées dans les années 80 en plein séisme monarchique sont parmi les 17 rescapées désormais inscrites à l’inventaire des Monuments historiques, sur une centaine de voitures couchette que comptait La Compagnie des Wagons-Lits, rêvées fin IXXe pour ce projet de paquebot du rail à une époque ou voyager confortablement relevait davantage d’une fuite à Varenne, voire d’une balade mondaine en calèche sur les pavés du Bois de Boulogne, par ailleurs toujours coutumier du fait pour encore abriter de nos jours des Fleurs de pavés dans d’improbables caravanes prises de violentes secousses.
Chaque voiture donne la part belle à un artiste, une signature, un décor, une ambiance, de marqueteries japonisantes à la célèbrissime voiture Lalique, dans des décors d’un entretien irréprochable.
Aucune trace de doigts sur les cuivres rutilants ou les boiseries vernies d’essence et de teintes variées, comme si le public qui l’empruntait de nos jours craignait qu’on lui dérobe l’emprunte qui dévérouille un compte insta ou un ADN qui ferait grise mine dans une sombre affaire de mineur.
Les voitures sont sorties du circuit tous les 5 ans pour un nettoyage complet, revernissage et polissage, ce qui est la politesse des trains bien nés.
La machine cache encore quelques secrets d’alcove, comme ces cabinets d’aisance digne de curiosité et d’une beauté constipante, dans lesquels les aisés de ce monde jouent jeu égal, ou ces installations techniques cachées derrière des décors sculptés.
Ainsi, les voitures couchette sont elle encore alimentées par des chaudières à charbon.
Amusant d’imaginer que de nos jours, les infrastructures des gares sont toujours capables d’alimenter ces voitures de toutes sortes de combustibles tout aussi fossiles.
Quelques fautes de goût ramènent à une autre réalité, comme ce synthé qui rappelle que le train est parfois un charter événementiel comme les autres ou peut être que quelques amateurs de karaoké entonnent Elle a les yeux Revolver entre deux Murder parties.
Il se dit que parfois on croise dans la voiture restaurant des dames entiarées et des messieurs en queue de pie, qui elle n’a pas besoin de chanter, a déguster les plats du chef Jean Imbert, qui officie au Plazza Athenée et qui n’a pas davantage fréquenté l’Acropole.
Votre serviteur l’a accompagné de nuit de Nancy à Bâle avant de céder sa titulature à un collègue suisse, non sans avoir refait le plein d’eau et changer de locomotive.
Les deux qu’a appareillé la CFF, la SNCF suisse, lui conférait un délicieux air vintage.
Le train appartient à la Société Belmont@LVMH qui possède également d’autres trains de Luxe, comme les Royal Scotsman, Pride of Africa, Golden Eagle, Transiberien, …
On parle de lui donner des créneaux plus réguliers, peut-être croiserez vous le ruban bleu sur nos lignes, et de jour, mieux, l’emprunterez pour une occasion ou le temps vaut toujours son argent.
Comptez de 4 à 12000 € selon la nature de la couche et la durée du voyage.
Bien écrit, celà donne envie de voyager ;-) Petite précision: CFF et non pas CCF pour les trains Suisses :-)