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AIME QU'ON SOIT DANS SES PETITS PAPIERS

 

 

  • Photo du rédacteurPatrice Snoeck

PARIS VAUT BIEN CETTE MESS

Saison 1 / Épisode #3


Paris vaut bien ce mess.

La tournée commence par prendre un TGV DB à Strasbourg pour Paris Est à la vitesse de l’éclair et s’en revenir par le TER à la vitesse de Religieuse. Départ à l’heure des vêpres et arrivée à Strasbourg à l’heure de Complies. Et ce sera pas de la tarte.

Car le train est connu pour être une véritable liturgie du rail transporte son quota de bonnes oeuvres sans smartphone, généralement sans argent, parfois sans papier et la plupart du temps sans langue.


S’en suit Gare de l’Est une longue attente dans une salle des pas pas perdus pour tout le monde aux allures d’appartement branché, ou tous les pass Carmillon font figure de lofteurs dans cette réalité sans télé mais pas pas privée d’écrans pour autant.


Le train est déjà à quai avec un premier lot de surprise qui n’est pas encore ses voyageurs.

Cette fois ce sera une seconde voiture sans électricité donc une première voiture sacrifiée et au final un attelage à 6 caisses opérationnelles, comme un pack de yaourts dont 2 gratuits dans lequel s’entasseront bientôt quelques centaines de voyageurs de toutes saveurs différentes, et prêt à continuer leur fermentation à la première variation de température.


Je me retrouve enfermé en tête dans ma B5 comme un cavalier dans sa tour sans être de marbre pour autant, isolé des voyageurs par un voiture inerte. J’avoue apprécier l’idée de disposer d’un apparte de 80m2 avec 3 toilettes pour moi tout seul ce qui statistiquement me permet d’en avoir une propre à mon seul usage. Il semble que le conducteur ne souffre pas de sa prostate dans ce train de 5 heures ce qui me permet de ne pas avoir à la partager.


Paris-Est gare ses trains à Ourcq. Il doit s’agir d’une sorte de cimetière des éléphants, vu le nombre de rames à problèmes qui s’en échappent de leur sempiternelle réforme annoncée.

Revenu in extremis d’une Near Death Experience, le bon vieux Corail qui s’est sans doutes rêvé à Sotteville les Rouen en gare de démantèlement s’est finalement réveillé.

Il est une si flagrante démonstration de l’utilité d’apprendre par cœur les 200 pages du manuel référentiel des procédures de sécurité VO250, que ce sillon devrait figurer dans le cursus de formation du personnel commercial comme un authentique train d’essai.


Le départ se fait promptement comme il est d’usage à Paris Est pour les trains ou la confiance règne a tort, mais surtout parce que les passagers sont canalisés entre deux voies, et que l’agent de service joue efficacement les portillons. Il battra bientôt des bras pour ordonner le départ, il y met tant de presse que je l’imagine décoller et finir sa course sur la caténaire. Le KOCS qui signale l’ouverture de la ligne prend ici la forme d’une réglette lunimeuse collée au plafond dont on dirait qu’on l’a chouravé sur une 103SP.


Le départ se fait à l’heure et il n’y aura donc pas de correspondances gérer dont il faut négocier la rétention en gare avec 3 directions différentes, ce qui occupe habituellement la moitié de mon temps.

Le train qui a les mêmes problèmes de voisinage qu’une copropriété dont les occupants mégoteraient sur le paiement de leurs charges, enfin pour ceux qui les paient, et nécessite un certain doigté lors du contrôle.

Celui ci prend la forme d’un doigt pointé en l’air, non pas ce majeur qui minore le dialogue, mais bien un index, celui du Maître a bord, qui confère la posture d’un Président de séance qui manage avec rigueur son AG. Au mieux celui d’un prof qui rappelle à l’ordre quelques éléments turbulents.


On composera avec que qu’on vous présente mais de 3/4 profil avec préservation de sa ligne de fuite, ce qui n’est pas son meilleur profil sur un selfie mais le plus certain sur ce terrain-là, des fois qu’il faille expliquer pourquoi le train n’est pas gratuit, ou apaiser un passager privé de fumer pendant 5 heures.

Je remercie au passage la nature d’avoir doublé quasiment tous mes organes, des fois qu’un passager ne trouve à m’opposer un argument affuté à une demande par trop tranchante, et je décide inopinément de ne pas foutre mon unique rate au court bouillon.


Clé de berne en sautoir pour pouvoir arpenter le train depuis des voitures empêchées au service et donner les départs d’autres empêchées de sévices, le train glisse vers sa destination finale, Strasbourg. Quelques dizaines de personnes finiront par en descendre, dont la moitié comptait bien pouvoir monter en douce dans un TGV.

Fort heureusement, la plupart des passagers du train en manque d’alternatives pour rejoindre les villes intermédiaires sont bien contents qu’il parte et surtout qu’il arrive, et même si cette ligne ferroviaire qui fend le grand Est en deux bassins bien distincts a fini par faire boiter plus d’un contrôleur, il mérite sans doutes d’exister pourvu d’avoir la sérénité nécessaire à l’accompagner.

What a mess mais cette messe est toujours dite, chaque jour que Dieu fait et la plupart du temps sans Lui.

On reparlera de ce train sous un meilleur jour, promis, l’Alchimiste a la salive acide et en a corrodé son sifflet.


L'Alchimiste






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