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(RE)POST-IT 

 

Photo du rédacteurPatrice Snoeck

Gare de Metz, Teuton qui pointe.



Il est des endroits si fermés qu’on finit par les oublier, y compris par ceux qui travaillent tout autour.

C’est les cas du Pavillon de l’Empereur de la gare de Metz et de son spectaculaire Salon Charlemagne, ce roi Franc de la couronne, expansionniste, sacré premier empereur de ce saint Empire romain qui deviendra germanique bien plus tard.

Sacré Charlemagne, a qui l’on prête aussi d’avoir inventé l’école à en croire France Gall, qui s’est tout autant improvisée chanteuse qu’historienne.


Construit pour accueillir le Kaiser Guillaume II lors de ses rares visites dans les colonies et qui voyait dans le Carolingien un symbole bien pratique, il est majestueusement planté à côté de la salle de la Chope, ex-salon de première classe et lui aussi fermé au public, et mobilisent a eux deux 2000 M2 au bas mot de la gigantesque, spectaculaire, étrange, fascinante Gare de Metz.


Enfin la réponse à ce truc qui cloche : une relative étroitesse des espaces de réception des voyageurs, et pour cause, le gare s’est réfugiée autour de cet épicentre invisible, dans des espaces plus communs à ne pas faire trembler un mouton.

Celle qui emporta plusieurs fois le titre de plus belle gare de France a de girondes proportions.

Jugez plutôt : 300 m de long soit une rame de TGV, une tour d’horloge qui culmine de 40 m de haut, et d’allure si médiévale qu’on s’attendrait à en voir le sommet crénelé et surveillé par une walkyrie.


Démonstration cossue d’une certaine idéologie architecturale voulue par le Kaiser, le style néo Roman, dont Viollet le Duc s’est inspiré pour construire Pierrefond vingt ans plus tôt, est exacerbé dans cette version rhénane, à vous ferait passer Le logis de Louis XII pour pour un Château Disney.

Un chevalier moustachu hante la façade. Aussi risible que l’Asterix de Clovis (Cornillac), lui a au moins l’excuse de s’être fait décapiter au gré de l’histoire, pour apporter la french touch de l’époque au Chevalier teutonique originel, dont l’allure semblait par trop narquoise.


Il s’agit d’un Roland, figure chevaleresque dont on honorait les bâtiments en signe de bienveillance, et qu’aujourd’hui quelques fêtards honorent plutôt d’un Raoul, ce renard qui ne finira au moins pas dans le dernier train.


L’ensemble est coiffé d’une toiture de tuiles vernissées verte, récemment restauré et dont la couverture originelle est stockée dans le grenier, si bien que ce Roland-là n’est pas très inquiet de voir le ciel lui tomber sur la tête.

Le salon a des allures de crypte. Une monumentale porte donnant sur le Quai 1 à la décoration si chargée de symboles qu’elle sert sans doutes de Pierre de Rosette aux francs maçons.

Elle donne sur le fameux Salon Charlemagne ou une décoration médiévale cache des aménagements modernes pour l’époque sous de fausses cheminées, dans des pièces si grandiloquentes qu’on y imaginerait presque un roi et sa cour y faire ripaille.

Elle sert aujourd’hui pour les pots des retraités de la SNCF et de médaillés du travail, un bien triste sort qui tend d’autant plus à se raréfier, au gré de la réforme des retraites des cheminots.


L’impératrice y possèdait un salon de repos, ou une alcôve laisse penser qu’il y avait là une méridienne où Madame pouvait se rétamer.


Le vitrail de Charlemagne sur son trône fait face à des vitraux opaque d’un blanc immaculé bien que ressemblant à des portes de pissotère de bistrot, et pour cause, l’aigle germanique dont les deux têtes ont fini par s’entendre sur une direction commune, a fini par s’envoler.

Nul ne sait du reste ce qu’il est devenu. La gare de Strasbourg qui couvait son ainé a eu la riche idée de fabriquer un vitrail de remplacement aux armes de la ville (lire mon post ici), Metz aura préféré la sobriété tant la richesse stroboscopique du décor pousserait un épileptique à en ravaler sa langue.


Des ferronneries magnifiques ornent les rambardes, histoire d’en laisser un peu aux ferronniers d’art, les sculpteurs de pierre ayant épuisé tout le bestiaire de la chasse, de la guerre, et des traditions.


L’accès sur la place, d’ou semble t’il on pouvait monter a cheval et en uniforme jusqu’au Quai N°1, bien qu’aucune griffure de pointe ne soit visible sur le linteau, est habillé d’une façade à Balcon un peu étroit, pas suffisamment large pour réunir Guillaume II, Nicolas II, et Georges V dont la cousinade ratée s’appellera bientôt la Première guerre mondiale.


Elle aura raison des Empires mais en mieux, de quelques têtes du statuaire de la gare de Metz, cette tradition si française. Désormais éclairée de quelques réverbères dessinés par Stark et dont le modèle s’appelle Tournesol, la lumière lui a tourné le dos, mais pas le coeur des metzois.


Gare de Metz

11 place du Général de Gaulle 57000 METZ

Se visite lors des journées du patrimoine







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