Il s’est étouffé avec un croco Haribo
C’est con pour quelqu’un qui croquait la vie à pleine dent.
Non mais quelle expression ! Mourrir de sa belle mort, quand la vie se fait la belle, c’est comme parler de sa petite mort sans arriver à en jouir.
Et c’est bien sur l’occasion de la Toussaint quand bien même reconvertie en Halloween, quand les bons chrétiens vont gratter des tombes à la paille de fer, tandis que les petits américains se gavent de sucre, qu’on a envie de se bourrer la citrouille avec des pensées philosophiques pareilles, amorales, laïques et non genrées : mais qu’est ce qu’on devient après sa mort ?
Vos proches qui préfèrent ne s’intéresser qu’à ce qu’on laisse se soucient bien peu de savoir si vous serez plus utile à l’écosystème, en fumée ou en fosse, c’est à dire en flottaison entre un vide sanitaire et sa moitié, dans son dernier souplex.
Le hasard et la malbouffe décidera le moment venu qui est le premier à partir et aura son comparse pour l’éternité sur le ventre, après l’avoir eu un long moment sur le dos. Lesté de 5 kilos par ci par là au gré de l’arrivée des enfants qui n’ont pas anticipé cette résidence tertiaire et sont bien contents de retrouver un nid familial pas si douillet mais qui au moins ne douille pas, ainsi que les bruits de la paille de fer une fois l’an.
Il n’y aura pas de miracle écolo après votre mort et votre impact carbone par ailleurs désastreux de votre vivant se perpétue bien, lui aussi, dans votre au-delà.
Si vous choisissez la crémation, donc de prendre votre envol dans une zone industrielle entouré de cuisinistes, vous engendrerez entre 160 et 800 kg de CO2 selon corpulence, soit autant à minima qu’un Paris Strasbourg en TER. Cependant, vous arriverez à destination en deux fois moins de temps et plus surement, soit en 2 à 3h, ne laissant derrière vous que vos prothèses de hanches, alors que vos couronnes qui valaient de l’or on été vaporisées sous forme de Mercure.
Vous consommerez au passage une quarantaine de M2 de gaz, que l’éthique réprouve a vous utiliser comme bois de chauffe pour les entrepôts environnants.
Il est étrange que seuls 10% de cette chauffe est valorisée, qui n’est pas du biogaz pour autant et encore moins un résidu de chaleur corporelle.
Norvégiens et Suédois ont franchis le cap, sans doutes parce que les vikings ne savaient pas trop quoi faire de ces corps qu’ils récupéraient si rarement.
Ceux qui veulent rester intègres le plus longtemps possible pour enfin ne plus se voir vieillir abuseront une dernière fois des substances sous forme d’une dizaine de litres de formol et autres produits de thanatopraxie hautement toxiques. Une mise en bière sans chope en bonne et due forme, et avec sa gueule dans le bois. Il trébucheront de 6 pieds sans plus craindre la montée des eaux puisqu’assurés de flottaison, après avoir été piquouzés pendant 20 ans par le réchauffement climatique et depuis 2000 par le déluge.
Embaumés comme la majorité des cas en France aussi, ils subiront le sort des faisans qui trônent sur les tables de salle à manger et qu’on présente comme un dernier tir, rêvant qu’on parle d’eux exactement comme ça et avec la même émotion.
Quant à ceux qui veulent racheter conduite et devenir vertueux sur le trop-tard, cercueil en carton et enterrement pleine terre avec une graine d’arbre dans un orifice qui ne nécessite pas de vous fracturer la mâchoire, sachez que la pratique est interdite, des législateurs de la génération de Sigourney en ayant proscrit les tentatives entre deux cauchemars récurrents.
Parmi le peu d’alternatives restantes dont aucune n’est écologique, il est possible de transformer vos cendres en Diamant, histoire de partir avec un certain éclat et une débauche de carburant qui eux sont déjà fossiles.
Considérant que 500 grammes de cendres prélevés sur vos 3 kilos, maintenant que vous revoilà redescendu à votre poids de naissance, permet de réaliser un seul diamant, votre destinée peut donc varier du solitaire au sautoir. Et en scie circulaire pour ceux qui ont eu particulièrement bad karma et ont définitivement raté leur sortie.
Et que dire du marbre, le matériaux de la mort et des mortiers, qui s’est à ce point vulgarisé pour finir à Dubai, cette nécropole de l’écologie ; il est réputé pour le centrage de l'énergie, l’apaisement des disputes amoureuses et de la tristesse grâce à sa propriété d'emmagasinement de souvenirs physiques. C’est sans doutes pourquoi on le retrouve sans distinction dans les cimetières et les salles de bains.
Pour conclure, sauf à être converti en Soleil Vert pour ceux qui ont vu le film, et qui continue de m’apparaître depuis 1973 comme l’unique solution éco responsable, aucune alternative écologique satisfaisante n’existant à ce jour. Néanmoins, comme le principe du pollueur-payeur s’applique jusqu’à totale disparition de votre lignée, votre mort vous coutera entre 5 et 10.000 euros, et un certain tonnage de CO2 proche d’une croisière en paquebot ; c’était plus simple du temps ou on traversait le Styx sur une barcasse.
L'Alchimiste, qui mourra bien assez tôt.
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