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(RE)POST

 

Sur un air de Danse du Sabre, le Métavers s’ouvre de travers — la Force me lâche

  • Photo du rédacteur: Patrice Snoeck
    Patrice Snoeck
  • 19 oct.
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 oct.


Le journal d'un chef de Bord qui mène une vie de Voyageur de commerce en faisant Commerce de voyageurs.
Le journal d'un chef de Bord qui mène une vie de Voyageur de commerce en faisant Commerce de voyageurs.

Non mais quel cirque ! La GPT dure quatre jours à recevoir des signes du destin à vous faire rentrer dans les Ordres.

Dire qu'il suffit d'un événement pour que tout déraille. Et te voilà, seul au Monde avec sacrément du monde qui attend tout du Messi.


Vendredi circassien


Le train est étonnamment plein au départ de Strasbourg, s’agissant d’un horaire de déjeuner, et l’on raccompagne les gens dont les RTT se glissent en fin de semaine, hélas pour eux à la même heure, et donc tous dans le même train.

Et la mise en route se fait sur les chapeaux de bogie, d’autant plus qu’un collègue de la Lutte Anti-Fraude s’est invité sur le train et se met à ma disposition, et donc n’en fait qu’à sa tête.


Dans le train retour, à l’embarquement à Bâle, un groupe de gens du voyage plutôt marrants ont eux aussi préféré le train…

Ils sont tellement chargés que je les soupçonne de transporter un manège...

Il y a des chiens de croisement pas très canins, qui sont sans doute mis à contribution dans quelque numéro de cirque interagissant avec des puces… Dommage que mon équipier ne soit déjà plus dans le train, il aurait adoré, car il était lui-même très teigneux.

À la question de savoir s’ils ont des tickets, ils acquiescent de la tête.

Plus tard, lors du contrôle, on découvrira qu’ils n’en ont pas, et que sans doutes avaient-ils compris pouvoir m’en vendre un, pour peu que je leur avais laissé le temps d’installer la billetterie dans le local du contrôleur, qui ressemble à s’y méprendre, je dois dire, à une cabine de manège d’où l’on balance le Mickey.


À l’arrivée en gare, mon battement d’une demi-heure avant mon prochain train est mangé par un voyageur qui se sent mal sur le quai et à qui un collègue a donné une couverture de survie. J’appelle les pompiers, les témoins s’en mêlent, le médecin du SAMU veut parler à l’homme à qui je tends mon téléphone, un type de la sécurité incendie de la gare rapplique d’on ne sait où, et voilà que le patient se met à cavaler dans la gare avec sa cape dorée de super-héros.

On se croirait dans un film Marvel, avec tous les héros qui mélangent leurs histoires dans le Métaverse, à ne plus rien capter du scénario — et c’est pourquoi je ne regarde jamais les Marvel, car cela ressemble trop au train.


Samedi sous l'oeil du corbeau


Mon conducteur et moi sommes arrivés à Bâle hier soir avec deux trains différents, mais l’on repart tous les deux de Saint-Louis, de l’autre côté de la frontière, où le tout dernier train de la veille nous attend.

Nos deux courses respectives, à un quart d’heure d’intervalle, sont opérées par le même chauffeur e taxi, qui m’envoie un SMS à quatre heure le matin pour me demander lequel des deux quidams on peut mettre en retard, puisqu’un aller-retour met trois fois plus de temps — et la réponse est évidemment : personne.

J’avance donc ma prise de service et me presse auprès du conducteur après un petit-déjeuner vite avalé.


Il est déjà d’humeur moyenne d’être en limite réglementaire d’heures de sommeil après un dernier train difficile qu’il a bien fallu digérer, quand un corbeau se pose sur le capot de la voiture — mais c’est bien connu que les cheminots ne sont pas superstitieux…


À peine à quai, prêt à partir, on m’informe qu'il a finalement demandé une relève qu’on ne lui a pas trouvée et que le train terminera sa course un arrêt et un quart d’heure plus tard.

Et déjà, sur le quai, des voyageurs que j’ai informés du nouveau parcours viennent à moi pour leurs options de TGV, car nous sommes samedi, cette journée heureuse où il y a moins de TER, que doivent néanmoins emprunter une nombreuse clientèle de loisirs pour rejoindre des TGV.

Et dans la ville aux trois frontières, mes problèmes décuplent. J’aurais vraiment dû mieux petit-déjeuner.


Je dois avancer une centaine de personnes dans leur parcours, et, à quai à Mulhouse, on saute dans un Régiolis de quatre caisses n’offrant que deux cents places seulement.


Il va de surcroît marquer quatre arrêts de plus, où il sera impossible d’accueillir les voyageurs — qui nous vilipenderont —,en plus de devoir recaser trente voyageurs qui arriveront bien plus tard à Rennes ou devront rejoindre la Bretagne ou Marne la Vallée en passant par les gares parisiennes.

Leur journée va sérieusement se compliquer, d’autant qu’il y a des poussettes et une frange de voyageurs qui pourraient bientôt ne plus pouvoir se passer de déambulateurs.


On recueille au passage tous les collègues conducteurs et contrôleurs qui sont rapatriés dans les cabines de conduite à chaque extrémité du train, et la cabine de queue dédiée plutôt aux contrôleurs présente des conditions carcérales classiques — enfin, d’une prison de matons, compte tenu que tous sommes en uniforme.

Fort heureusement, une communication contextualisée et empathique de notre collègue titulaire de ce train évitera de le transformer en mutinerie.


Le corbeau n’en a pas fini avec moi, et le Centre Opérationnel me demande d’assurer un autre train dont la contrôleuse ne pouvait pas non plus arriver à l’heure devant son train.

Sa rame RRR arrive en gare, un graff de tête de mort peint sur le flanc de la cabine de conduite, et le crâne disparaît derrière la porte à son ouverture.

Cette fois, Marvel a laissé place à Albator. La journée se terminera par un aller-retour à Sélestat, comme avec l’Arcadia, mais tracté par une bonne vieille 22 000.


Dimanche jogging


Le matin même, dans le cadre d’Octobre rose, j’ai assisté de ma terrasse au lancement de la course La Strasbourgeoise, dont il se trouve que quelques flamands emperruqués égayent mon train, qui va faire sa première boucle du côté de Metz.


Comme tous les dimanches, les trains sont pleins entre bagages à gogo et vélos en goguette. Il y a des gens de toutes les nationalités, des faux mineurs et des vrais majeurs avec lesquels on me fait parfois les honneurs. Il y a des gens très accablés par la vie et qui sont en règle, et d’autres qui plient et rangent très soigneusement leurs papiers d’identification et dont on voit l’ultime précarité.

On essaie, une fois de plus, de n’accabler personne et de faire les choses dans les règles, avec beaucoup d’empathie pour ceux dont la vie n’est jamais vraiment rose.


Il y a une heure trente d’attente en gare de Metz avant de repartir. La plus belle gare de France de l’extérieur n’a pas les locaux les plus sympathiques pour le personnel, malgré un récent coup de peinture, des encadrements de portes cossus et des ferronneries dignes des cachots de l’Empereur, mais qui n’empêchent pas une salle de pause glaciale et blafarde de ressembler à une salle de shoot.


Le tout dernier train est un Régiolis de dix voitures, composé d’une rame de six caisses et d’une de quatre — soit un bon un-tiers/deux-tiers, qui correspond à ce qu’on va trouver dedans.

Je finirai à Mulhouse à m'endormir devant Skyfall à l’hôtel, et pour cause, car le ciel m’est tombré sur la tête depuis longtemps.


Lundi à faire baver


Petit-déjeuner à quatre heures, où l’on se surprend à pouvoir avaler du copieux en attendant les couleuvres.

Je réveillerai quelques voyageurs avec un filet de salive à la commissure des lèvres, en m’excusant d’avoir à interrompre leur processus de saponification.

J’ai développé une technique de Wake up’Touch digne d’un quatre étoiles, où nul n’est besoin de secouer les passagers puisque la plupart du temps, c’est le train qui s’en charge.


Je me garde bien de dire aux voyageurs que leur semaine commence quand la mienne se termine.

Une fois de plus, un week-end qui tombe en semaine, mais à point nommé… et l’on renfilera le costume du Jedi ce prochain jeudi pour convoquer la Force et assurer l’équilibre du Monde, qui n’attend pas après moi pour se sabrer.

Bientôt nouvelle aventure des Tribulations du Tribun du Train, sous une bonne étoile de la mort


L'Alchimiste, qui a déjà connu le côté obscur #TTT




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À PROPOS

L'Alchimiste...
est dans ton train

 

Un pro de la communication basé à Strasbourg qui fait un tour de l'autre côté du miroir.

 

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